KINSHASA – Une petite cabine d’enregistrement dans la banlieue de de la capitale congolaise Kinshasa est devenue un espace sûr où des adolescents sans abri peuvent rapper et chanter sur leur vie dans la rue et leurs rêves d’un avenir meilleur.
Des paroles sur les abus sexuels, les vols et les démêlés avec la police mettent en lumière les difficultés rencontrées par les quelques dizaines d’enfants et de jeunes qui fréquentent le centre culturel Mokili Na Poche – un refuge de jour offrant un endroit pour se laver, manger et apprendre à ceux dans le besoin.
“Cela me rend vraiment heureux quand je chante”, a annoncé Osé Mavakala, 19 ans, qui dort dans la rue depuis des années comme plus de 20 000 autres enfants sans abri à Kinshasa, d’après l’agence des Nations Unies UNICEF.
D’autres adolescents ont regardé avec fierté Mavakala frapper intensément dans le microphone lors d’une séance fin août.
La chance d’enregistrer en studio a inspiré Mavakala à rêver d’objectifs plus ambitieux. “Cela m’encourage et je me dis : ah, la vie appartient aux courageux”, a-t-il déclaré, citant comme influences le rappeur américain Lil Wayne et la star congolaise Fally Ipupa.
Il vient au centre depuis trois ans et participe aux cours de musique, d’art et d’alphabétisation qu’il propose de 8h00 à 19h00, heure locale (07h00 GMT-1800 GMT). Le fondateur Cedrick Tshimbalanga espère que ces compétences et cette routine aideront les enfants à trouver leurs marques et leur voix.
“Avec la musique avant tout, les jeunes peuvent parler de leur vécu quotidien, de tout ce qu’ils vivent au quotidien : viols, vols, traumatismes, agressions”, a annoncé Tshimbalanga, qui envisage de publier prochainement leurs morceaux dans un album.
Les cours sont aussi l’occasion pour les jeunes de rattraper les opportunités perdues. Même si la République démocratique du Congo a fait des progrès en matière d’accès à l’éducation, plus de 7 millions d’enfants âgés de cinq à 17 ans n’ont toujours pas accès à l’école, d’après l’UNICEF.
“Libérez-vous de la vie criminelle, mon ami, il est temps de voir ce que l’avenir vous réserve”, a rappé Mavakala lors d’une représentation impromptue pleine d’émotion au centre en août. REUTERS