LONDRES – Mme Helen Burness travaillait à domicile lundi de quelques jours auparavant quand l’e-mail est arrivé. En moins de 24 heures, sa fille de neuf ans était sur le point de retourner à l’école suite aux longues vacances d’été.
L’e-mail provenait du directeur. L’école a été contrainte de fermer, a rédigé le responsable en s’excusant, en raison d’inquiétudes a propos le béton dangereux dans ses bâtiments.
La fille de Mme Burness, Marigold, souffre d’une maladie chromosomique rare et fréquente une école spécialisée en orthophonie pour enfants ayant des besoins d’apprentissage complexes. Elle était à la fois nerveuse et excitée à l’idée de commencer la nouvelle année scolaire, et ses parents avaient passé des semaines à l’aider à se préparer.
Le cœur de Mme Burness se serra lorsqu’elle réalisa qu’elle devrait dire à Marigold que le plan avait changé – sans aucune idée du moment où le problème serait peut-être résolu.
“C’était vraiment une sorte de chute libre”, a annoncé Mme Burness, 47 ans, à propos du déroulement de la semaine. “Et combien de temps cela prendra-t-il encore ?”
Jeudi matin, Mme Burness et son mari, qui dirigent tous deux leur propre entreprise, jonglaient entre leurs responsabilités parentales et leur travail, incapables de trouver une garderie spécialisée à court terme. Vendredi, l’école a annoncé que les cours reprendraient cette semaine, mais a également ajouté que certaines salles seraient inaccessibles et que des ajustements devraient être effectués.
Le gouvernement conservateur britannique a fait l’objet de vives critiques depuis l’annonce, le 31 août, qu’environ 100 écoles devraient fermer leurs bâtiments grâce à la présence de béton cellulaire renforcé autoclavé, ou RAAC, un matériau léger et pétillant connu pour présenter un risque d’effondrement soudain.
La crise s’est exacerbée après qu’il est devenu clair que de hauts responsables du gouvernement avaient ignoré les avertissements répétés a propos le matériel, un ancien responsable du ministère de l’Éducation accusant le Premier ministre Rishi Sunak de refuser de reconstruire davantage d’écoles alors qu’il était chancelier de l’Échiquier, bien qu’il ait été informé d’un « risque critique pour la vie ». (Sunak a annoncé qu’il était « complètement et totalement faux » de le tenir responsable du manque de financement.)
D’après les informations gouvernementales, environ 10 000 étudiants ont vu leur rentrée scolaire retardée et, rappelant de manière fâcheuse les confinements liés à la pandémie, des milliers d’enfants ont été transférés soit vers un enseignement intégralement à distance, soit vers un mélange d’apprentissage en présentiel et à distance.
Le RAAC (prononcé rack) a été utilisé dans l’édification de centaines de bâtiments en Grande-Bretagne entre les années 1950 et le milieu des années 1990, notamment des écoles, des hôpitaux et des théâtres. Sa légèreté en a fait un choix populaire pour les toits plats courants lors du boom de l’édification d’après-guerre.
Par contre les inquiétudes a propos ce matériau, dont la durée de vie est d’environ 30 ans, remontent à plusieurs décennies. En 1995, M. Victor Whitworth, ingénieur en structure du Somerset, dans le sud-ouest de l’Angleterre, écrivait au journal de l’Institution of Structural Engineers : « Chers ingénieurs, méfiez-vous ! après avoir inspecté des fissures dans le toit d’une école contenant du RAAC.
En 2018, le toit d’une école s’est renversé dans le Kent, dans le sud-est de l’Angleterre. Le plafond s’est renversé en un week-end et personne n’a été blessé, par contre les dangers étaient clairs. Une alerte de sécurité de 2019 recommandait que toutes les planches RAAC installées avant 1980 soient remplacées. En 2021, une agence gouvernementale a publié un briefing de sécurité déclarant que « le RAAC a désormais expiré et risque de s’effondrer ».
Le problème était d’obtenir l’argent nécessaire pour effectuer les réparations. Et l’impact éventuel a pu être constaté mercredi après-midi dans deux écoles voisines de Southend-on-Sea, à environ 64 km à l’est de Londres.
De jeunes enfants vêtus de chemises blanches impeccables faisaient la queue devant l’école primaire d’Eastwood, discutant et riant avec leurs camarades de classe en attendant que leurs parents viennent les chercher.
À l’école voisine de Kingsdown, le terrain était d’un calme surnaturel. Les seuls signes de vie étaient deux ouvriers grimpant sur une échelle sur le toit plat d’un immeuble.