GUATEMALA CITY (AP) — Des agents du bureau du procureur général du Guatemala ont ouvert mardi des dizaines de boîtes de vote et photographié leur contenu lors d’une autre descente dans les installations du Tribunal électoral suprême.
Luis Gerardo Ramírez, porte-parole du tribunal, a affirmé que les corps n’avaient pas donné l’autorisation d’ouvrir les caisses et que la perquisition était menée par le bureau du procureur général sur ordre d’un juge.
Le bureau du procureur général a demandé d’examiner au moins 160 boîtes de votes provenant de diverses régions du pays, a affirmé Ramírez. La loi guatémaltèque autorise uniquement le personnel du Tribunal électoral suprême et les équipes qui comptent les votes dans les bureaux de vote le jour du scrutin à gérer les scrutins secrets.
“C’est sans précédent, la loi n’établit pas de processus pour cela”, a affirmé Gloria López, directrice électorale du tribunal. Elle a affirmé que seule l’autorité réceptrice de chaque bureau de vote le jour de l’élection est censée examiner les bulletins marqués.
López a affirmé que les votes dans les boîtes ouvertes n’ont pas de sauvegarde numérique. Elle a affirmé qu’en les manipulant, le bureau du procureur général brisait la chaîne de contrôle du Tribunal électoral suprême.
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“Nous ne serions plus en mesure de garantir quels sont exactement les votes qui se trouvent à l’intérieur des urnes et quel est le nombre de signatures et d’empreintes digitales sur les (feuilles de pointage des bureaux de vote) qui entrent dans les urnes”, a-t-elle déclaré.
Brian Nichols, secrétaire adjoint américain aux Affaires de l’hémisphère occidental, a condamné mardi les actions du bureau du procureur général du Guatemala via X. « Cette action sans précédent sape la transition démocratique et la volonté du peuple guatémaltèque », a-t-il écrit.
La mission d’observation électorale de l’Organisation des États américains au Guatemala a exprimé sa profonde préoccupation face à ces actions.
“L’ouverture des bureaux de vote par des personnes et des institutions autres que celles identifiées par la loi représente une attaque frontale contre l’intégrité du vote et un affront à la volonté populaire”, a affirmé la mission dans une déclaration. Il s’agit là d’une preuve supplémentaire de la tentative du bureau du procureur général d’intimider les autorités électorales et de remettre en question le processus électoral.
La mission avait déjà signalé que les accusations des procureurs contre le processus électoral étaient dénuées de tout fondement.
Ovidio Orellana, ancien président du barreau du Guatemala, a affirmé qu’il n’existe aucune base légale donnant le pouvoir à un juge ou à des procureurs de toucher aux urnes ou aux votes. “C’est un acte arbitraire”, a-t-il déclaré.
Cette opération s’inscrivait apparemment dans le cadre de diverses enquêtes en cours liées aux élections nationales qui ont culminé le mois dernier avec l’élection de Bernardo Arévalo.
Le procureur anti-corruption Rafael Curruchiche, qui enquête sur le parti Mouvement des semences d’Arévalo, était à la tête de l’opération. Curruchiche a été sanctionné par le gouvernement des États-Unis après avoir accusé d’avoir entravé la lutte contre la corruption.
Le bureau du procureur général a confirmé la perquisition de mardi, mais a refusé de préciser à quelle affaire elle était liée. Le juge Fredy Orellana a ordonné son exécution. Il a aussi été sanctionné par le gouvernement américain.