Le Premier ministre japonais Fumio Kishida a mis son sashimi là où il est, en mangeant un repas de poisson cru devant des journalistes pour apaiser les craintes a propos le rejet d’eau contaminée par des substances nucléaires dans l’océan.
M. Kishida a été rejoint par trois ministres japonais pour dîner de plie, de poulpe et de bar crus pêchés au large de la côte de Fukushima, accompagnés de riz, de légumes et de fruits récoltés dans la préfecture.
Le repas faisait suite au rejet légal dans la mer des eaux usées stockées de la centrale nucléaire.
Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol a aussi déjeuné de fruits de mer cette semaine suite aux troubles locales, même si l’origine n’a pas été signalée comme étant Fukushima.
Le Japon a été confronté à des réactions négatives suite à sa décision de rejeter les eaux usées traitées de la centrale nucléaire de Fukushima dans l’océan Pacifique.
Le processus a débuté cette semaine, plus de 12 ans après la catastrophe nucléaire de Fukushima engendrée par un séisme et un tsunami.
Tokyo Electric Power (TEPCO), qui gère la centrale nucléaire au centre de la catastrophe, a affirmé qu’elle devait libérer davantage d’espace pour démanteler la centrale sain et sauf.
Cela signifie éliminer environ 1,4 million de tonnes d’eaux usées stockées qui ont été utilisées pour refroidir les réacteurs nucléaires en fusion à la suite du désastre du tsunami de 2011.
Il y a actuellement environ 1 000 réservoirs d’eaux usées stockés à la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi. Photo : Agence internationale de l’énergie atomique
L’eau a été traitée pour éliminer quasiment toute la radioactivité, à l’exception du tritium. Avant le rejet, l’eau sera diluée pour ramener le tritium en dessous des normes réglementaires.
TEPCO libérera l’eau par étapes, avec plus de 1 000 réservoirs d’eau traitée qui seront rejetés sur 30 ans.
Le processus, annoncé pour la première fois par le Japon en 2021, a reçu en juillet l’approbation de l’Agence internationale de l’énergie atomique, qui a estimé que les rejets contrôlés de l’eau traitée auraient un « impact radiologique négligeable sur les personnes et l’environnement ».
Réaction internationale
Malgré le feu vert de l’organisme de surveillance nucléaire des Nations Unies, le rejet des eaux usées de Fukushima dans l’océan a suscité la consternation et la colère de nombreuses personnes, y compris du voisin du Japon et partenaire politique fréquent, la Chine.
Même si la Corée du Sud a exclu de lever les interdictions sur les importations de fruits de mer japonais en provenance de certaines préfectures, dont Fukushima, ces interdictions étaient déjà en vigueur depuis des années et la Corée a accepté le processus d’élimination des eaux usées du Japon.
Mais la Chine a annoncé quelques jours auparavant qu’elle « suspendrait tout de suite l’importation de produits aquatiques originaires du Japon » pour éviter tout risque de contamination radioactive des aliments.
La Chine étant l’un de ses plus grands marchés d’exportation de produits de la mer, l’industrie de la pêche japonaise devrait en subir un coup dur.
Le Premier ministre japonais a tenu à manger des fruits de mer au marché aux poissons de Toyosu à Tokyo jeudi. Photo de : AAP
M. Kishida a annoncé jeudi que le gouvernement allouerait des dizaines de milliards de yens (des centaines de millions de dollars) pour soutenir l’industrie de la pêche à la suite de l’interdiction imposée par la Chine.
Le gouvernement japonais envisage de déposer une plainte auprès de l’Organisation mondiale du commerce a propos l’interdiction générale imposée par la Chine.
M. Kishida a aussi appelé la Chine à aider à lutter contre le harcèlement des installations diplomatiques et scolaires japonaises, qui aurait inclus des canulars et des jets de pierres.
Il a été demandé aux voyageurs japonais de faire attention lorsqu’ils voyagent en Chine et d’éviter de parler japonais fort en public.
La décision relative aux eaux usées a aussi suscité une inquiétude nationale, une enquête menée par le journal japonais The Asahi Shimbun révélant que 41 pour cent des personnes interrogées ne soutenaient pas le projet.