Le Dr Nouriel Roubini, PDG de Roubini Macro Associates et autorité de premier plan en matière de macroéconomie, a l’habitude de faire des prévisions économiques précises. Il a acquis une large reconnaissance pour son avertissement de 2006 a propos la crise financière mondiale imminente, qui s’est concrétisé en 2008. Doté d’une riche formation universitaire et d’une vaste expérience politique, Roubini a été consultant auprès de grandes institutions mondiales comme le FMI et la Banque mondiale. Il commente aussi fréquemment des programmes d’actualité économique et est l’auteur de plusieurs livres sur l’économie.
Le 1er septembre 2023, le Dr Roubini a été interviewé par Bloomberg TV lors du Forum Ambrosetti à Cernobbio, en Italie. L’entretien portait sur l’état de l’économie mondiale, les corrections potentielles des actions mondiales et le rôle des banques centrales et de la Chine.
Perspectives économiques mondiales
Roubini a affirmé que par rapport à il y a six mois, les risques d’un atterrissage brutal de l’économie mondiale ont diminué. Il a toutefois souligné que l’économie mondiale se trouve toujours sur un terrain incertain. Il a mentionné que tandis que la zone euro et le Royaume-Uni connaissent déjà des récessions, la Chine connaît un ralentissement structurel. Il a également ajouté que le sort de l’économie américaine reste indécis, avec des possibilités allant d’un atterrissage en douceur à une récession courte et superficielle.
Facteurs affectant l’économie américaine
Roubini affirme qu’aux États-Unis, malgré la hausse des taux d’intérêt par la Réserve fédérale au-dessus de 5 %, l’économie a fait preuve de résilience. Roubini a mentionné que cela serait peut-être à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle. Il a souligné que même si cela indique un possible atterrissage en douceur, cela suggère aussi que la Réserve fédérale pourrait devoir augmenter davantage ses taux, augmentant ainsi le risque de récession.
Changements au cours des six derniers mois
Roubini a attribué ses perspectives légèrement plus optimistes à plusieurs facteurs. Il s’agit notamment de la résolution des chocs d’offre négatifs dus à la pandémie de COVID-19, de la politique budgétaire expansionniste des États-Unis et de la réduction des tensions géopolitiques. Il a toutefois averti que la résilience démontrée par certaines économies, en particulier les États-Unis, ne devrait pas être globale à l’économie mondiale.
Stagflation et facteurs structurels
Interrogé sur la capacité de l’UE à éviter la stagflation, Roubini a souligné que les causes sont plus structurelles que cycliques. Il a évoqué le découplage, les tensions géopolitiques et le changement climatique comme facteurs susceptibles de réduire la croissance et d’augmenter les coûts de production à moyen terme.
Le ralentissement économique en Chine
Roubini a évoqué le ralentissement de la Chine comme étant structurel, citant des causes tels que le vieillissement de la population, le capitalisme d’État et les pressions géopolitiques. Il a estimé que la croissance potentielle de la Chine s’est réduite à 3-4 %, une baisse significative par rapport aux niveaux précédents.
Prédictions du marché
Roubini a prévenu que si l’économie mondiale s’affaiblissait et que les banques centrales continuaient à lutter contre l’inflation, les marchés boursiers mondiaux pourraient subir une correction de 10 % au cours du second semestre.
Le dilemme économique du Royaume-Uni
La Banque d’Angleterre est confrontée à une situation compliqué, d’après Roubini. Tandis que l’économie britannique ralentit et que l’inflation sous-jacente reste élevée, la banque centrale se trouve face à un dilemme. Roubini a aussi mentionné que les politiques budgétaires sont en contradiction avec les politiques monétaires, ce qui rend compliqué la stabilité des prix.
L’avenir de l’économie britannique
Roubini a suggéré que le Royaume-Uni devrait se concentrer sur la technologie et l’innovation pour augmenter son potentiel de croissance. Il a mentionné que le Royaume-Uni dispose de solides recherches universitaires, de sociétés de capital-risque et de startups qui pourraient aider à cet égard.
Politique de la Banque du Japon
Roubini estime que la Banque du Japon finira par supprimer progressivement le contrôle de la courbe des rendements, mais le fera avec prudence pour éviter de commettre des erreurs.