ABIDJAN, Côte d’Ivoire – La Banque africaine de développement (BAD) a exhorté les états riches à canaliser leurs droits de tirage spéciaux (DTS) du Fonds monétaire international par l’intermédiaire du prêteur continental pour aider à investir dans les projets nécessaires à l’adaptation au changement climatique.
En 2022, la banque basée à Abidjan a consacré 63 % de son financement climatique à l’adaptation, soit la plus grande part de toutes les institutions multilatérales de financement du développement, a affirmé sa directrice financière Hassatou Diop N’Sele dans une réponse écrite aux questions.
L’Afrique étant le continent le moins développé et ses nations parmi les plus durement touchées par le réchauffement climatique, davantage de financements sont nécessaires pour la rendre résiliente face aux cyclones, aux inondations et aux sécheresses qui frappent de plus en plus fréquemment, endommageant les infrastructures et détériorant les systèmes alimentaires, Mme N’ » dit Sele.
Son appel fait écho à une demande ambitieuse de l’Union africaine quelques jours auparavant visant à ce qu’au moins 100 milliards de dollars américains (136 milliards de dollars singapouriens) sur les 650 milliards de dollars américains de DTS émis en 2021 soient redirigés par les états riches vers le continent. L’Union africaine a aussi proposé que le FMI envisage une question d’ampleur similaire sur les instruments de lutte contre la crise climatique.
« Les efforts supplémentaires visant à soutenir la transition verte reposent sur le renforcement de notre capacité de prêt », a-t-elle déclaré. « La réaffectation de 10 milliards de dollars de DTS augmenterait la capacité de prêt des banques multilatérales de développement de 30 à 40 milliards de dollars, sans coût pour ceux qui fournissent les DTS. »
Sur les 650 milliards de dollars de DTS émis en 2022, l’Afrique n’a reçu que 33 milliards de dollars, contre 113 milliards de dollars pour les seuls États-Unis.
La BAD, la plus grande institution de financement du développement du continent, est poussée par l’Union africaine comme l’institution par laquelle elle souhaite que les états développés du monde, qui sont responsables de la d’ampleur partie des émissions responsables du changement climatique, acheminent leur aide financière.
La banque a mis en place un certain nombre d’initiatives pour renforcer la résilience climatique sur le continent, notamment le renforcement des infrastructures et des systèmes alimentaires contre les intempéries, a affirmé Mme N’Sele.
Le Fonds africain de développement, la branche de financement concessionnel de la BAD, a créé le Guichet d’action climatique, qui a levé 429 millions de dollars auprès de la Grande-Bretagne, de l’Allemagne, des Pays-Bas et de la Suisse et tend à terme à mobiliser plus de 4 milliards de dollars.
La BAD a aussi créé l’Alliance pour les infrastructures vertes en Afrique, qui cherche à lever 10 milliards de dollars de capitaux publics et privés, dont 500 millions de dollars pour la préparation de projets à un stade précoce, dans le but de générer une réserve de projets. En outre, le prêteur prévoit d’émettre des capitaux hybrides durables, un mélange de financement par emprunt et par actions, ce qui constitue une première pour une banque multilatérale de développement, a-t-elle déclaré.
Le Centre mondial pour l’adaptation, basé à Rotterdam, a publié quelques jours auparavant un rapport lors du Sommet africain sur le climat à Nairobi, au Kenya, qui estime que le continent a besoin de 100 milliards de dollars de financement pour l’adaptation par an.
« Le déficit de financement est stupéfiant et les ressources arrivent à peine », a affirmé Mme N’Sele. « Les flux de financement climatique vers l’Afrique sont bien trop faibles et bien en deçà de ce dont le continent a besoin. » BLOOMBERG