L’aéroport international de Pokhara au Népal, construit grâce à des prêts chinois, est confronté à plusieurs problèmes techniques et liés à l’ingénierie, a appris CNN-News18. Une étude approfondie menée par le Centre pour l’inclusion sociale et le fédéralisme, un groupe de réflexion du pays, a également ajouté que les conceptions préparées par une entreprise chinoise pour l’aéroport n’avaient pas été examinées par l’Autorité de l’aviation civile du Népal (CAAN) et ses dirigeants.
L’étude a mis en évidence plusieurs autres problèmes. Le manque de planification et de coordination autour de l’aéroport, de même que les problèmes de sécurité tels que le dégagement de la décharge, pendant et après son inauguration, suggèrent un mépris délibéré de la sécurité des passagers, d’après l’étude. Les responsables de la CAAN ont aussi modifié les règles de pilotage après le crash de Yeti Airlines en janvier, mais il était évident que le pilote avait été autorisé à tester une nouvelle trajectoire d’approche avec des passagers à bord, ce qui n’aurait pas dû être autorisé par les responsables du contrôle aérien.
Cela met en évidence une faiblesse fondamentale de la CAAN, dans la mesure où elle est à la fois régulateur et fournisseur de services, ce qui a été l’une des principales raisons évoquées par l’Union européenne dans son interdiction des compagnies aériennes népalaises.
L’étude a aussi révélé que l’aéroport a été inauguré sans avoir installé tous les équipements nécessaires ni suffisamment de préparatifs suite à des pressions venues d’en haut.
L’aéroport a été inauguré dans la précipitation, ce qui a été confirmé par le fait que le gouvernement a choisi d’installer un bureau de douane dans le nouvel aéroport seulement une semaine après son inauguration, d’après l’étude.
L’aéroport international de Pokhara est déjà devenu un piège de la dette. Les résultats sont décevants et l’aéroport peine à faire face à ses obligations financières.
Pour couvrir les dépenses engagées dans l’édification de l’aéroport et sa participation au capital, le nouvel aéroport doit à lui seul gagner 11,4 millions de dollars, soit 1 50 milliards de roupies par an.
Cela constitue un défi de taille, car au cours des trois prochains mois, Exim Bank China exigera un paiement mensuel d’intérêts de 3,2 millions de dollars, ce qui ajoutera une pression et un fardeau supplémentaires aux finances de l’aéroport.
Les prêteurs chinois, l’Export-Import Bank of China, ont repris l’aéroport international ougandais d’Entebbe et d’autres actifs du pays suite à l’incapacité du gouvernement de ce pays à rembourser un prêt.
Les conditions du prêt et la période de remboursement sont exactement les mêmes que pour l’aéroport international de Pokhara.
Les responsables et les dirigeants de la CAAN sont responsables du sort actuel de l’aéroport international de Pokhara, d’après l’étude. L’aéroport a été conçu sous la direction du directeur du projet Pradip Adhikari, qui était aussi à la tête d’un autre projet controversé, l’aéroport international Gautam Buddha. Il a fait la une des journaux pour avoir facilité des réunions avec des entrepreneurs chinois durant la visite en Chine du Premier ministre népalais.
Adhikari, qui occupe actuellement le poste de directeur général de la CAAN, a récemment été critiqué pour ses décisions et directives impulsives.
Il y a quelques semaines, il a introduit des règles restreignant les vols de sauvetage dans la région de Karnali. Les médias nationaux et internationaux ont rapporté que de nombreuses personnes avaient perdu la vie en l’absence de secours médicaux.
D’après les médias locaux, Adhikari, un ingénieur civil, entretient des relations étroites avec des entrepreneurs chinois, manipule les dirigeants politiques et participe à des procès médiatiques.
C’est la première fois à travers l’histoire de l’aviation népalaise que la CAAN est entraînée dans autant de conflits et de problèmes qui nuisent à son image internationale, a annoncé un ancien directeur de l’autorité.
Dernièrement, Adhikari a fait pression pour l’édification de l’aéroport international de Nijgadh, négligeant les préoccupations des écologistes et sans tenir compte de sa viabilité économique, ont indiqué des sources.
Tandis que l’aéroport international de Pokhara et l’aéroport international de Gautam Buddha sont en train de devenir des aéroports fantômes, on ne sait pas vraiment comment le nouvel aéroport serait peut-être un projet réussi.
Alors que de nombreuses questions aient été soulevées a propos la direction du CAAN, le Premier ministre Pushpa Kamal Dahal « Prachanda » n’a pris aucune mesure contre Adhikari.