Une cour d’appel pakistanaise a suspendu mardi la condamnation pour corruption et la peine de trois ans de prison d’Imran Khan, une victoire juridique pour l’ex Premier ministre extrêmement populaire mais en difficulté, ont annoncé ses avocats et des fonctionnaires du tribunal.Quelques heures après l’annonce, la Haute Cour d’Islamabad, dans un verdict écrit, a annoncé qu’elle accordait une caution à Khan après avoir rempli une caution de 100 000 roupies pakistanaises (508 dollars).Khan, 70 ans, ne pourra se présenter aux élections actuellement prévues en novembre que si sa condamnation est annulée.Les avocats et les alliés de l’ex Premier ministre pakistanais emprisonné Imran Khan réagissent après la décision du tribunal d’Islamabad, au Pakistan, le mardi 29 août 2023. (AP Photo/Anjum Naveed)Dans le jugement de mardi, la cour d’appel a seulement suspendu la peine et la condamnation de Khan, et le même tribunal décidera d’annuler ou non la condamnation à une prochaine date, d’après Hashmat Habib, un expert juridique basé à Islamabad.Mais cela n’a pas empêché l’un des avocats de Khan de revendiquer une victoire pour l’ex Premier ministre.”Imran Khan a de nouveau le droit de diriger son parti Pakistan Tehreek-e-Insaf après la décision du tribunal d’aujourd’hui”, a annoncé Babar Awan aux journalistes après l’annonce de la décision.Khan a nié les accusations portées contre lui, insistant sur le fait qu’il n’a violé aucune règle.La détention de Khan se poursuivra au moins jusqu’à mercredi grâce à son interpellation dans une autre affaire pour prétendue révélation de secrets officiels (AP Photo/KM Chaudary)La détention de Khan se poursuivra au moins jusqu’à mercredi grâce à son interpellation dans une autre affaire après avoir accusé d’avoir révélé des secrets officiels. Khan fait face à une multitude d’autres accusations portées depuis son éviction par un vote de censure au Parlement en avril 2022.L’avocat de Khan, Shoaib Shaheen, a annoncé que la Haute Cour d’Islamabad avait rendu une brève ordonnance verbale avant le verdict écrit. Khan a été reconnu coupable et condamné plus tôt ce mois-ci par un tribunal qui l’a annoncé coupable de dissimulation d’actifs après avoir vendu des cadeaux d’État qu’il avait reçus pendant son mandat.Plus tôt ce mois-ci, la Commission électorale du Pakistan avait disqualifié Khan de sa candidature pendant cinq ans. En vertu des lois pakistanaises, aucune personne condamnée ne peut diriger un parti, se présenter à des élections ou occuper une fonction publique.Sher Afzal Khan, avocat de l’équipe juridique de l’ex Premier ministre pakistanais Imran Khan, s’adresse aux médias devant la Haute Cour d’Islamabad, à Islamabad, au Pakistan, le mardi 29 août 2023. (AP Photo/Anjum Naveed)Le porte-parole de Khan, Zulfiqar Bukhari, a salué dans une déclaration l’ordonnance du tribunal, espérant que l’ex Premier ministre serait libéré de la prison d’Attock, dans la province orientale du Pendjab, où il est détenu depuis son interpellation au début du mois.Il a annoncé que la bataille juridique pour l’acquittement de Khan se poursuivrait. Bukhari a annoncé qu’il priait pour que désormais “aucune mésaventure ne se produise et qu’Imran Khan ne soit pas de nouveau arrêté” alors qu’il sort de prison ou sur le chemin de son domicile dans la ville orientale de Lahore, la capitale du Pendjab.Peu de temps après que la Haute Cour d’Islamabad a accordé la libération sous caution à Khan, un autre tribunal a demandé au responsable de la prison d’Attock de l’y maintenir au moins jusqu’à mercredi, date à laquelle Khan devrait être entendu pour “exposition d’un document officiel secret” à un incident l’année dernière lorsqu’il a brandi une lettre diplomatique confidentielle lors d’un rassemblement, la décrivant en tant qu’une preuve qu’il était menacé et disant que son éviction était un complot.Des policiers montent la garde devant la Haute Cour d’Islamabad, à Islamabad, au Pakistan, le mardi 29 août 2023 (AP Photo/Anjum Naveed)Le document, baptisé Cipher, n’a pas été rendu public par le gouvernement mais il s’agirait d’une correspondance diplomatique entre l’ambassadeur du Pakistan à Washington et le ministère des Affaires étrangères à Islamabad.Depuis son éviction, Khan a annoncé que sa destitution était une conspiration des États-Unis, de son successeur Shehbaz Sharif et de l’armée pakistanaise – des accusations qu’ils nient tous. Sharif a démissionné ce mois-ci après la fin du mandat parlementaire.Sharif s’est adressé à X, la plateforme anciennement dénommée Twitter, pour critiquer la décision de justice de mardi, disant que tout le monde s’y attendait. Il a également ajouté que si “les voleurs et les terroristes d’État sont facilités, alors d’où l’homme ordinaire obtiendra-t-il justice dans le pays ?”en attendant, le Pakistan est confronté à une crise économique et politique de plus en plus grave.Aleema Khan, à droite, et Uzma Khanum, à gauche, les sœurs de l’ex Premier ministre pakistanais Imran Khan, arrivent à la Haute Cour d’Islamabad, à Islamabad, au Pakistan, le mardi 29 août 2023. (AP Photo/Anjum Naveed)L’inflation était de 13,4 % quand Sharif est arrivé au pouvoir en avril 2022, mais le pays a enregistré un taux d’inflation mensuel record de 37 % en avril 2023, ce qui indique que Sharif n’a pas réussi à relancer l’économie. Actuellement, de nombreux Pakistanais sont confrontés à des hausses de prix. Ils ont aussi reçu des factures d’énergie élevées ce mois-ci, provoquant une vague de colère parmi les gens qui affirment que les factures ont englouti la totalité de leur salaire.Le vote à venir a été compliqué par une annonce de l’organisme de surveillance des élections d’après laquelle les élections doivent être retardées d’au moins trois à quatre mois car il lui faut plus de temps pour redessiner les circonscriptions afin de refléter le recensement récemment mis en place.Ont rapporté la constitution, un vote doit avoir lieu en octobre ou novembre. Pour l’instant, c’est le Premier ministre par intérim Anwaar-ul-Haq Kakar qui gère les affaires courantes. Kakar a annoncé qu’il veillerait à ce que le vote se déroule de manière libre, équitable et transparente.
Suivre
X