Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi certains médicaments ne semblent pas fonctionner aussi bien pour vous que pour d’autres ? Cette variabilité dans la réponse aux médicaments est ce que les tests pharmacogénomiques espèrent expliquer en examinant les gènes présents dans votre ADN.
La pharmacogénomique, ou PGx, est l’étude de la manière dont les gènes affectent votre réponse aux médicaments. Les gènes sont des segments d’ADN qui servent de manuel d’instructions aux cellules pour fabriquer des protéines. Certaines de ces protéines décomposent ou transportent certains médicaments dans l’organisme. D’autres sont des protéines ciblées par les médicaments pour générer l’effet souhaité.
En qualité de pharmaciens qui voient des patients qui ont arrêté plusieurs médicaments en raison d’effets secondaires ou d’inefficacité, nous pensons que les tests pharmacogénomiques ont le potentiel d’aider les professionnels de la santé à guider les professionnels de la santé vers un dosage et une prescription plus précis.
Comment fonctionnent les tests PGx ?
Les tests PGx recherchent des variations dans les gènes de votre ADN pour prédire la réponse aux médicaments. Par exemple, la présence d’une variante génétique pourrait prédire que la protéine précis qu’elle code est incapable de décomposer un médicament particulier. Cela pourrait potentiellement entraîner une augmentation des niveaux de médicaments dans votre corps et un risque accru d’effets secondaires. La présence d’une autre variante génétique pourrait prédire le contraire : elle pourrait prédire que la protéine qu’elle code décompose un médicament plus rapidement que prévu, ce qui pourrait diminuer l’performance du médicament.
Par exemple, le citalopram est un antidépresseur dégradé par une protéine appelée CYP2C19. Les patients présentant des choix génétiques codant pour une version de cette protéine avec une capacité réduite à décomposer le médicament peuvent présenter un risque accru d’effets secondaires.
PGx est une forme de médecine personnalisée ou de précision.
Actuellement, il y a plusieurs plus de 80 médicaments dont les recommandations de prescription sont basées sur les résultats du PGx, notamment des traitements contre la dépression, le cancer et les maladies cardiaques. Il y a plusieurs des tests PGx disponibles dans le commerce que les patients peuvent faire envoyer directement à leur porte avec ou sans l’intervention d’un professionnel de la santé. Ces tests PGx destinés directement au consommateur collectent l’ADN à partir d’un échantillon de salive ou d’un écouvillon de joue qui est ensuite envoyé au laboratoire. Les résultats peuvent prendre de quelques jours à quelques semaines d’après l’entreprise.
Certaines sociétés exigent une consultation avec un fournisseur de soins de santé, souvent un pharmacien ou un conseiller en génétique, qui a la capacité de faciliter une commande de tests et discuter de tout changement de médicament une fois les résultats connus.
Limites des tests PGx
Les tests PGx ne seront pas en mesure de prédire comment vous réagirez à tous les médicaments pour plusieurs raisons.
En premier lieu, les nombreux tests PGx ne recherchent pas toutes les choix possibles de chaque gène du génome humain. Au lieu de cela, ils examinent uniquement un nombre limité de gènes et de choix fortement liés à des médicaments spécifiques. Les tests PGx peuvent prédire votre réaction uniquement aux médicaments associés aux gènes testés.
Certains médicaments sont décomposés d’après des voies très complexes impliquant plusieurs protéines et sous-produits, et l’utilité des tests PGx reste floue. Par exemple, l’antidépresseur bupropion a trois voies principales impliquées dans sa dégradation et forme trois sous-produits actifs qui peuvent interagir avec d’autres médicaments ou processus corporels. Il est donc beaucoup plus compliqué de prédire comment vous réagirez au médicament, car plusieurs variables sont impliquées. Dans de nombreux cas, il n’existe pas non plus de informations concluantes permettant de prédire avec certitude la fonction générale d’une protéine et la manière dont elle affecterait votre réponse à un médicament.
L’applicabilité des résultats des tests PGx est en outre limitée par le manque de diversité des participants à l’étude. En règle générale, les populations d’ascendance européenne sont surreprésentées dans les essais cliniques. Une initiative de recherche en cours des National Institutes of Health, appelée All of Us Research Program, tend à résoudre ce problème en collectant des échantillons génétiques auprès de personnes d’horizons divers.
Le programme de recherche All of Us tend à mener des recherches plus représentatives d’une population diversifiée.
Une autre limite des tests PGx destinés directement au consommateur est qu’ils peuvent prédire la réponse aux médicaments en fonction uniquement de votre génétique. Des causes liés au mode de vie et à l’environnement, tels que votre âge, votre fonction hépatique ou rénale, le tabagisme, les interactions médicamenteuses et d’autres maladies, peuvent fortement influencer la façon dont vous pourriez réagir aux médicaments. Par exemple, les légumes-feuilles riches en vitamine K peuvent réduire l’performance de la warfarine, un anticoagulant. Par contre les tests PGx ne prennent pas en compte ces facteurs.
Enfin, vos résultats PGx peuvent prédire que vous pourriez réagir différemment aux médicaments, mais cela ne garantit pas que le médicament n’aura pas l’effet escompté. En d’autres termes, les tests PGx sont prédictifs plutôt que déterministes.
Risques des tests PGx
Les tests PGx comportent le risque de ne pas raconter toute l’histoire de la réponse médicamenteuse. Si aucune variation au sein du gène n’est trouvée, la société de test suppose souvent que les protéines codées par ces gènes fonctionnent normalement. À cause de cette hypothèse, une personne porteuse d’une variante rare ou inconnue peut recevoir des résultats inexacts.
Il peut être tentant pour certaines personnes de voir leurs résultats et de vouloir leur dose ou interrompre leur traitement. Toutefois, cela peut être dangereux. L’arrêt brutal de certains médicaments peut provoquer des effets de sevrage. Ne changez jamais la façon dont vous prenez vos médicaments sans consulter au préalable votre pharmacien et votre médecin.
Partager les résultats de votre test PGx avec tous les cliniciens impliqués dans vos soins peut aider à prévenir l’échec des médicaments et à améliorer la sécurité. Les pharmaciens sont de plus en plus formés en pharmacogénomique et peuvent servir de ressource pour répondre aux questions ou préoccupations liées aux médicaments.
Les tests PGx qui ne sont pas autorisés par la Food and Drug Administration ne peuvent pas être interprétés cliniquement et ne peuvent donc pas être utilisés pour éclairer la prescription. Les résultats de ces tests ne doivent pas être ajoutés à votre dossier médical.
Avantages des tests PGx
Les tests PGx directement destinés aux consommateurs peuvent permettre aux patients de se défendre eux-mêmes et de participer activement à leurs soins de santé en augmentant l’accès et la connaissance de leurs informations génétiques.
La connaissance par les patients de leur profil génétique PGx a le potentiel d’améliorer la sécurité du traitement. Par exemple, une étude réalisée en 2023 auprès de plus de 6 000 patients en Europe a révélé que ceux qui utilisaient leurs résultats PGx pour guider leur traitement médicamenteux étaient 30 % moins susceptibles de subir des effets indésirables des médicaments.
Les nombreux résultats des tests PGx restent valables pendant la vie d’un patient et aucun nouveau test n’est nécessaire, sauf si des gènes ou des choix supplémentaires doivent être évalués. À mesure que des recherches supplémentaires sur les choix génétiques seront menées, les recommandations de prescription devraien être mises à jour.
Dans l’ensemble, les informations génétiques provenant des tests PGx destinés directement au consommateur peuvent vous aider à collaborer avec les professionnels de la santé pour sélectionner des médicaments plus efficaces présentant un risque moindre d’effets secondaires.
Les auteurs ne travaillent pas, ne consultent pas, ne détiennent pas d’actions ni ne reçoivent de financement d’une entreprise ou d’une organisation qui bénéficierait de ce post, et n’ont divulgué aucune affiliation pertinente au-delà de leur nomination universitaire.