DAJABON, République dominicaine (AP) — Des militants des droits humains demandent au gouvernement de la République dominicaine un sursis temporaire dans les expulsions bien que la crise en Haïti voisin s’envenime et que les gens tentent de fuir par la frontière fermée suite à une recrudescence de la violence meurtrière des gangs.
De petits camions équipés de cages personnalisées transportent chaque jour des dizaines d’Haïtiens depuis un centre de détention de San Cristóbal jusqu’à la frontière sur l’île d’Hispaniola bien que les attaques des gangs paralysent certaines parties de la capitale haïtienne.
« Si le gouvernement pouvait retarder ou diminuer les expulsions, ce serait une réussite… une contribution importante à la population haïtienne », a affirmé William Charpentier, coordinateur de la Coalition nationale pour les migrations et les réfugiés, basée en République dominicaine.
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Charpentier a affirmé que son organisation avait reçu des plaintes a propos les autorités dominicaines qui auraient fait irruption dans des maisons pour arrêter des personnes soupçonnées d’être Haïtiennes, brisant leurs biens et parfois les extorquant.
Les Nations Unies ont aussi appelé la République dominicaine et d’autres pays à mettre un terme aux expulsions, soulignant qu’Haïti est extrêmement dangereux.
Roberto Álvarez, le ministre des Affaires étrangères de la République dominicaine, a affirmé aux journalistes que les expulsions sont le résultat d’une politique de sécurité nationale et qu’il n’y a pas d’autre choix que dus poursuivre.
« Nous le faisons dans le respect des conventions internationales et des traités relatifs aux droits de l’homme. Nous ne sommes pas parfaits. De temps en temps, des situations arrivent. Nous essayons dus corriger tout de suite », a-t-il répondu lorsqu’on l’a interrogé sur les allégations d’abus.
Plus de 23 900 personnes ont été expulsées cette année, d’après le gouvernement dominicain. Plus de 4 500 personnes ont été expulsées ce mois-ci.
Des dizaines de personnes ont été tuées depuis le début des attaques le 29 février à Port-au-Prince, des gangs ciblant les commissariats de police, le principal aéroport international qui reste fermé et les deux plus grandes prisons d’Haïti, avec plus de 4 000 détenus libérés.
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Les attaques ont laissé sans abri environ 17 000 personnes qui ont fui leurs quartiers, d’après l’ONU.
« Il y a beaucoup de calamités à manger, beaucoup de combats. Il n’y a pas de vie », a affirmé Suson Chalas, une vendeuse ambulante de 32 ans qui vit dans la ville frontalière haïtienne de Ouanaminthe.
Alexis Yard, un Haïtien de 45 ans qui se trouvait récemment sur un marché bilatéral le long de la frontière, a affirmé qu’il soutenait la présence d’une force militaire étrangère pour aider à réprimer la violence des gangs dans son pays.
« Ce que nous voulons, c’est un changement, vivre bien, éliminer la criminalité et pouvoir circuler librement dans le pays », a-t-il déclaré.
Les projets de déploiement, soutenu par l’ONU, d’une force de police kenyane pour combattre les gangs en Haïti ont été momentanément interrompus, ce pays d’Afrique de l’Est disant que cette force serait déployée une fois qu’un conseil présidentiel de transition serait en place pour diriger Haïti.
Le conseil, qui n’a pas encore été créé, serait chargé de sélectionner un Premier ministre par intérim et un conseil des ministres. Quelques jours auparavant, le Premier ministre Ariel Henry a annoncé qu’il démissionnerait une fois le conseil établi.