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Le projet britannique d’envoyer des migrants au Rwanda est légal, a annoncé la Haute Cour de Londres tout en confirmant les contestations judiciaires individuelles de huit demandeurs d’asile.
Cette décision est une victoire pour le Premier ministre Rishi Sunak, qui a provoqué la promesse politique à gros enjeux de s’attaquer au nombre record d’arrivées de migrants dans de petits bateaux.
La politique, qui a été annoncée en avril, impliquerait que la Grande-Bretagne envoie des dizaines de milliers de migrants qui arrivent sur ses côtes à plus de 6400 kilomètres au Rwanda.
Annonçant la décision du tribunal, les juges Clive Lewis et Jonathan Swift ont affirmé qu’il était légal pour la Grande-Bretagne de prendre des dispositions avec le gouvernement rwandais pour envoyer des demandeurs d’asile dans le pays afin que leurs demandes d’asile y soient examinées.
“Le gouvernement (britannique) a conclu des accords avec le gouvernement du Rwanda qui visent à garantir que les demandes d’asile des personnes réinstallées au Rwanda y soient correctement examinées”, ont affirmé les juges.
“Dans ces circonstances, la relocalisation des demandeurs d’asile au Rwanda est conforme à la Convention sur les réfugiés et aux obligations statutaires et autres obligations légales du gouvernement.”
Tweet de @DetentionAction
Le Premier ministre subit des pressions croissantes de la part de ses propres députés et du public pour lutter contre les arrivées.
Les chiffres montrent qu’environ 40 000 – un nombre record – sont venus de France cette année, beaucoup ayant fait le voyage depuis l’Afghanistan, l’Iran ou d’autres pays en guerre pour franchir l’UE et se rendre en Grande-Bretagne pour demander l’asile.
Au cours de la dernière décennie, la migration a souvent dominé le discours politique britannique et devrait figurer en bonne place dans la campagne pour les prochaines élections générales, qui devraient avoir lieu en 2024.
Dans l’une de ses premières annonces politiques majeures, M. Sunak a défini une stratégie pour réprimer l’immigration clandestine et a annoncé qu’il souhaitait redémarrer les vols vers le Rwanda malgré l’opposition des législateurs de tous les principaux partis politiques, des Nations Unies et même du roi Charles.
Le premier vol d’expulsion prévu vers le Rwanda a été bloqué en juin par une injonction de dernière minute accordée par la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) et la légalité de la stratégie a ensuite été contestée par un contrôle judiciaire à la Haute Cour de Londres.
Des avocats représentant des demandeurs d’asile de Syrie, d’Irak et d’Iran, de même que d’Albanie et du Vietnam, ont contesté la politique rwandaise lors d’une audience cette année, aux côtés des groupes de campagne Detention Action, Care4Calais et Asylum Aid.
Tweet de @AsylumAid
Une victoire du gouvernement ne signifiera pas que les vols pourront décoller tout de suite car il pourrait y avoir d’autres appels devant les tribunaux britanniques et l’injonction CEDH imposée au cours de l’été empêche toute expulsion immédiate jusqu’à la conclusion d’une action en justice au Royaume-Uni.
Dans une victoire partielle pour les demandeurs, les juges ont affirmé que le ministre britannique de l’Intérieur, la ministre de l’Intérieur Suella Braverman, devait examiner correctement les circonstances de chaque demandeur individuel.
Les juges ont affirmé qu’une nouvelle audience aura lieu le 16 janvier pour déterminer toute demande d’autorisation de faire appel de la décision du tribunal.
“Nous examinons la position par rapport à la politique déclarée légale, mais nous nous félicitons de la décision a propos les demandeurs individuels”, a annoncé Toufique Hossain, une avocate qui représentait six des huit demandeurs d’asile.
“Le tribunal a prévenu que l’approche (du ministre de l’Intérieur) des décisions individuelles était illégale et qu’il devait la revoir.”
-Reuters