BRUXELLES — La branche exécutive de l’Union européenne recommandera aux etats membres d’ouvrir des négociations d’adhésion avec la Bosnie-Herzégovine, a affirmé mardi la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, malgré les divisions ethniques persistantes dans ce pays des Balkans occidentaux.
La Bosnie-Herzégovine fait partie des six pays de la région – les autres sont l’Albanie, la Serbie, le Kosovo, le Monténégro et la Macédoine du Nord – qui se trouvent à différents stades du processus d’adhésion à l’UE après une période de guerres et de crises dans les années 1990.
Leurs adhésions sont bloquées depuis des années. Mais après le conflit menée par la Russie contre l’Ukraine, les responsables européens sont plus enclins à tenter dus détourner de l’influence du Kremlin.
« Nous avons réalisé qu’il ne suffit pas d’attendre que les Balkans occidentaux se rapprochent de nous », a affirmé mardi von der Leyen aux législateurs européens. « Il ne suffit pas de dire que la porte est ouverte. Nous devons aussi assumer nos responsabilités et soutenir par tous les moyens possibles leur cheminement vers notre Union.»
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Les dirigeants de l’Union européenne devraient discuter de la recommandation de la Commission européenne lors d’un sommet prévu à Bruxelles la semaine prochaine.
Le chef du Conseil des ministres de Bosnie, qui fait office de gouvernement du pays, Borjana Kristo, a exprimé l’espoir que les États membres de l’Union européenne donneront leur feu vert à l’ouverture des négociations d’adhésion. Kristo a promis que la Bosnie poursuivrait ses réformes.
« Ce que nous avons fait jusqu’à dernièrement était suffisant (pour la recommandation), mais nous continuerons à travailler », a-t-elle déclaré. « Il est de notre devoir de continuer à travailler. »
Rien ne garantit que les États membres approuveront la recommandation, car le dirigeant séparatiste serbe de Bosnie, Milorad Dodik, pro-russe, continue de saper la présidence et d’autres fonctions politiques du pays.
La Bosnie est déchirée par des divisions ethniques, même de nombreuses années après le conflit qui a déchiré le pays dans les années 1990. En décembre, Dodik a affirmé à l’Associated Press qu’il avait l’intention de continuer à affaiblir le pays jusqu’à ce qu’il s’effondre.
Dodik a accueilli favorablement la recommandation de la commission mais a affirmé que « cela ne veut pas dire grand-chose » puisqu’il n’y a pas de date précise pour l’adhésion.
« La voie européenne est importante pour nous car elle représente la réalisation d’un grand objectif national : les Serbes vivent dans un espace économique et politique unique sans frontières », a affirmé Dodik. Il a évoqué la Bosnie en tant qu’une « petite UE », qui a la capacité de fonctionner « lorsqu’aucun intérêt n’est exclu ».
« C’est à ce moment-là que nous obtenons un résultat positif », a affirmé Dodik.
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La Bosnie a obtenu le statut de candidat en 2022. Pour que les candidats puissent rejoindre l’UE, ils doivent suivre un long processus pour aligner leurs lois et normes sur celles du bloc et montrer que leurs institutions et économies répondent aux normes démocratiques.
Von der Leyen a affirmé que la Bosnie devait faire « davantage de progrès » pour rejoindre l’UE, mais a insisté sur les « étapes impressionnantes » vers le bloc des 27 nations que le pays a déjà réalisées.
« Davantage de progrès ont été réalisés en un peu plus d’un an qu’en plus d’une décennie », a-t-elle déclaré. « En premier lieu, la Bosnie-Herzégovine est dorénavant pleinement alignée sur notre politique étrangère et de sécurité, qui est cruciale en ces temps de troubles géopolitiques. »
Elle a aussi félicité le pays pour ses efforts dans la lutte contre le blanchiment d’argent, le financement du terrorisme et l’amélioration du contrôle des flux migratoires.
« Le pays montre qu’il peut répondre aux critères d’adhésion et répondre à l’aspiration de ses citoyens à faire partie de notre famille », a-t-elle déclaré. « Le message venant de Bosnie-Herzégovine est clair. Notre message doit donc être clair aussi. L’avenir de la Bosnie-Herzégovine réside dans notre Union.»
La Bosnie est peut-être le plus fragile des pays des Balkans. Les tensions ethniques y ont persisté longtemps après la fin de le conflit de 1992-1995 qui a tué plus de 100 000 personnes et déplacé des millions de personnes.
Les rédacteurs d’Associated Press Lorne Cook à Bruxelles, Jovana Gec à Belgrade, en Serbie, et Sabina Niksic à Sarajevo, en Bosnie-Herzégovine, ont contribué à ce rapport.